Les bases de la bourse 2 / Quels sont les différents secteurs d'activité au sein des marchés financiers ?
- Millionnaire sur canapé
- 31 juil. 2024
- 6 min de lecture
I/ La définition
Un secteur d'activité en bourse, c'est le regroupement d'entreprises intervenant sur un même marché, et ayant donc un comportement similaire au regard des cycles économiques et boursiers.
Un cycle économique, c'est la succession de périodes de croissance de l'activité, puis de ralentissement ou de récession. L'économie est par nature cyclique, avec des phases difficiles auxquelles succèdent des phases plus propices au développement. Nous nous intéresserons plus particulièrement ici à la classification GICS qui répertorie 11 secteurs d’activité et trois super-secteurs.
II/ Chaque secteur a ses spécificités et son comportement propres
Les secteurs sont regroupés en trois super-secteurs : défensif, sensible et cyclique.
1/ Le supersecteur défensif
Les entreprises de ce secteur sont peu sensibles à l'évolution de la conjoncture économique car elles proposent des biens et des services dont les clients ont besoin en toute période. Trois secteurs sont recensés :
a) Consommation de base (Consumer Staples)
C’est tout ce dont on a besoin pour la consommation du quotidien : boire, manger, les produits d’entretien de la maison, les stylos, etc. Prenons quelques exemples :
- Danone, Pepsi et Coca-Cola (nourriture et boissons) ;
- Procter and Gamble, 3M, Unilever (consommables). Qu'il y ait une crise ou non, il faut se nourrir, boire et acheter des produits du quotidien (produits hygiéniques, post-its , etc.).
b) L'industrie pharmaceutique (Healthcare) ;
C'est tout ce qui concerne le traitement des malades et les équipements médicaux, par exemple :
Sanofi, une entreprise internationale française ;
Pfizer, particulièrement célèbre pour son vaccin contre la covid.
Qu'il y ait une crise ou non, il faut se soigner et équiper les hôpitaux.
c) Les Utilities ; C'est tout ce qui concerne les services aux collectivités: eau, électricité, gaz, par exemple :
Veolia, une entreprise spécialisée dans le traitement de l'eau ;
EDF, pour la production et la distribution d'électricité.
Qu'il y ait une crise ou non, il faut se laver, chauffer le logement.
Ce super-secteur défensif permet d'investir dans des entreprises qui subiront de manière moins aiguë les récessions et croîtront moins vite en période de croissance. C'est un secteur d'investissement moins stressant car moins volatil.
2/ Le super-secteur cyclique :
Contrairement au super-secteur défensif, celui-ci est particulièrement volatil et le prix des actifs suit davantage la courbe de croissance de l'économie. En effet, on peut cesser d'acheter certains biens ou services en période de crise (arrêter d'aller au restaurant). Inversement, ces secteurs repartiront très vite en période de croissance.
a) Consommation discrétionnaire (Consumer Discretionary) : c’est ce dont on n’a pas besoin de manière indispensable. C’est une consommation que l’on peut reporter dans le temps (achat d’une nouvelle voiture, aller au restaurant,) ou abandonner (ne plus aller à l’hôtel, renoncer aux accessoires de luxe, etc.)
Quelques exemples d'entreprises cotées de ce secteur :
Renault ou Ford (voitures) ;
Mac Donald’s ;
Ralph Lauren.
b) Les matières premières (Materials) : quand la croissance est faible, les commandes de biens sont plus basses, donc le prix des matières premières (cuivre, or, nickel, acier, etc.) est moins en tension. Et en cas de croissance forte, la demande de biens est très importante, ce qui implique une hausse des prix.
Ci-dessous quelques exemples d'entreprises cotées de ce secteur :
- Air liquide, qui produit des gaz pour la santé et l'industrie ;
- Le secteur minier (mines d'or, de nickel, etc.)
- Arcelor Mittal, qui produit de l'acier.
c) Les financières (Financials) : ce sont les banques, les assurances et les sociétés financières dans leur ensemble. La croissance leur est favorable, car pour les banques, les taux d'intérêt ont tendance à augmenter pendant les phases d'expansion (ce qui augmente leur bénéfice sur les emprunts). Pour les sociétés d'assurances, qui détiennent de nombreux actifs financiers et non financiers, la valeur de leur portefeuille augmente quand l'économie va bien, et diminue quand l'activité ralentit.
Ci-dessous quelques exemples d'entreprises cotées de ce secteur :
La société Axa pour les assurances ;
Les sociétés BNP Paribas ou Citigroup.
d) L'immobilier (Real Estate) : ce sont les entreprises qui investissent dans l'immobilier résidentiel, les centres commerciaux, les bureaux, les sites logistiques, etc. Ces sociétés sont appelées les foncières cotées. Leur activité est cyclique car elles sont dépendantes du niveau des taux d'intérêt (elles empruntent pour acheter et louer, donc une hausse des taux d'intérêt augmente leurs coûts), du niveau de l'activité (les entreprises et les ménages ont plus ou moins d'argent à investir selon l'état de l' économie dans son ensemble).
Ci-dessous quelques exemples d'entreprises cotées de ce secteur :
Klepierre, une société européenne qui détient des centres commerciaux ;
Realty income, une foncière réputée aux États-Unis qui verse un dividende tous les mois à ses actionnaires.
3/ Le super-secteur « sensible au cycle » (sensitive)
Ce groupe d'entreprises rassemble des entreprises dans un groupe intermédiaire : elles ne sont pas totalement insensibles au cycle économique mais, pour autant, ont des activités résistantes. Par exemple, en cas de crise, les individus et entreprises continuent d'utiliser leurs services de télécommunication (téléphone, réseaux), même s'ils sont plus attentifs à maîtriser leurs factures. Il en est de même pour l'énergie, dont le besoin est toujours réel mais dont le volume fluctue en fonction de la demande.
a) L’énergie (Energy) : Les entreprises de production d’énergie concernent les entreprises liées à l’exploitation des hydrocarbures, de l’exploration au raffinage et au transport. Si le besoin en énergie est toujours présent, le niveau de la demande peut varier fortement alors que l'offre nécessite des investissements importants et du temps pour augmenter. C'est pourquoi le secteur de l'énergie est dans ce groupe : la demande est toujours présente quel que soit le moment dans le cycle économique, mais l'asymétrie entre la capacité de l'offre et de la demande à évoluer rend le secteur un peu cyclique également – ce qui explique la volatilité des prix.
Ci-dessous quelques exemples d'entreprises cotées de ce secteur :
- Total Énergies en Europe ;
- Chevron aux États-Unis.
b) Les services de télécommunication (communication services) : dans ce groupe on peut retrouver tous les grands opérateurs de télécommunications (à l'activité assez stable) et le secteur des médias et du loisir (qui s'avère un peu plus cyclique).
Ci-dessous quelques exemples d'entreprises cotées de ce secteur :
- Orange en France ou AT&T aux Etats-Unis pour les opérateurs de télécommunications ;
- Netflix ou Disney pour les entreprises de divertissement.
c) Le secteur industriel (Industrials) : à première vue simple à définir, il est pourtant étonnant par sa diversité car il regroupe dans une même catégorie des producteurs d'avions, d'armes, de machines-outils, de robots, etc. Toutes ces entreprises sont cycliques par nature mais les cycles qu'elles connaissent ne correspondent pas nécessairement au cycle économique dans son ensemble. C'est sans doute un secteur un peu moins homogène que les autres.
Ci-dessous quelques exemples d'entreprises cotées de ce secteur :
- Schneider electric ;
- Lockheed Martin ou Dassault Aviation pour l'armement ;
- Airbus et Boeing.
d) Les technologies de l'information (Information Technology) : leur activité n'est pas forcément corrélée au cycle économique mais, d'une part, un ralentissement contraint les dépenses en matière de technologie et, d'autre part, une hausse des taux d'intérêt en cas de croissance diminue l'attrait des investisseurs pour ce secteur car les actifs sans risque sont mieux rémunérés...et ces actifs risqués sont moins demandés.
Ci-dessous quelques exemples d'entreprises cotées de ce secteur :
- Apple ;
- Microsoft ;
- Facebook.
III/ Qui gagne le match ?
Contrairement aux différentes classes d'actifs (cf. le numéro précédent), les données sont plus difficiles à assembler et analyser (certains secteurs n'existaient pas encore il y a un ou deux siècles). Prenons - certes artificiellement - le graphique ci-dessous qui retrace les performances de 1975 à 2015 du marché américain, et établissons plusieurs groupes :
1/ Les gagnants (places 1 à 4), avec une rendement inflation déduite supérieur à 8 %, qui regroupe la consommation défensive, l'immobilier, la santé et l'énergie ;
2/ Le groupe du milieu, qui connaît à peu près la même performance que le marché dans son ensemble (SP500), soit entre 6,8 % et 7,6 % : Secteur industriel, utilitaires et consommation discrétionnaire.
3/ Les sous-performeurs, avec une performance inférieure à 6,4 % : les financières, la technologie de l'information, les services de télécommunication et les matières premières.
Le constat le plus étonnant réside dans le fait que les secteurs les plus performants ne sont pas les plus volatils, ce qui est contre-intuitif. Gageons toutefois que ces données méritent d'être affinées, mais elles demeurent toutefois intéressantes.
III/ Quels enseignements en retirer ? Vos choix de secteurs reflètent votre appétit face au risque
Les investisseurs répartissent leurs achats d’actions et d’obligations parmi les différents secteurs d’activité et chaque groupe a sa spécificité :
1/ Les entreprises membres de chaque groupe réagissent de manière similaire (les prix évoluent de la même manière). Ainsi, selon la répartition entre secteurs d’un portefeuille, il est possible d’anticiper son comportement en cas de changement macroéconomique ;
2/ Cette classification permet aux investisseurs de bénéficier d’un outil de diversification de son portefeuille. Quel que soit votre état d'esprit, il faut diversifier ses investissements dans tous les secteurs d'activité, mais à des niveaux adaptés à votre psychologie / philosophie d'investissement ;
3/ Selon les stratégies des investisseurs, certains secteurs seront surreprésentés. Par exemple, un investisseur qui veut minimiser la stabilité de son portefeuille investira davantage dans le secteur de la consommation de base tandis qu'un autre aimant le risque investira dans le secteur des matières premières en bas de cycle économique, visant un rebond massif lors de la reprise de l'activité.