Les bases de la bourse 1 / Quel actif rapporte le plus à long terme ?
- Millionnaire sur canapé
- 31 juil. 2024
- 5 min de lecture
Les différents actifs financiers - actions, obligations, or, immobilier
I/ Les définitions
La première chose à faire, c'est rappeler ce que sont ces différents actifs financiers.
a) Les obligations : ce sont des « contrats de prêt » entre vous et un État ou une entreprise. Vous achetez un titre financier et, en contrepartie, vous recevez un intérêt (le coupon) et un remboursement du capital à la fin de l'opération. Une obligation est donc assez proche d'un prêt que vous pouvez acheter et revendre. Concrètement, vous détenez des obligations si vous détenez des contrats d'assurance-vie qui intègrent des « fonds en euros » ou des supports de financement « sécurisés ».
b) Les actions : à l'inverse des obligations, les actions sont des titres de propriété. Quand vous achetez une action d'Apple par exemple, vous détenez une fraction de la propriété de l'entreprise. En contrepartie de cette détention, la valeur de votre part de l'entreprise va varier à la hausse (plus-value potentielle) ou à la baisse (moins-value potentielle). Vous pouvez également percevoir une partie des profits annuels de l'entreprise, sous la forme de dividende. Concrètement, si vous achetez une action Sanofi, une fois par an, vous recevez en mai un dividende sur votre compte car l'entreprise vous rétrocède une partie de ses bénéfices.
c) L'immobilier : La définition en est plus aisée. Vous détenez une maison, un commerce ou des bureaux directement (vous les avez achetés chez le notaire) ou indirectement (en achetant une part de SCPI ou d'entreprise foncière cotée en bourse). Là encore, vous détenez donc un titre de propriété d'un immeuble et du foncier associé (le terrain). Vous percevrez des revenus issus de la location de ces immeubles (loyers) et la valeur des biens peut varier. Comme pour les précédents actifs, votre gain financier correspond à la somme de la hausse de la valeur de l'immeuble (plus-value) et des loyers (revenus).
d) L'or : c'est plus aisé. Soit vous détenez de l'or physique, soit de l'or dit "papier" (un titre financier qui correspond au prix de l'or).
Ce qu'il faut retenir :
Les actifs peuvent prendre la forme de titres de propriété (actions et immobilier) ou de contrats (obligations) ;
Les revenus de ces actifs peuvent être des intérêts (coupons d'obligations), des profits redistribués (dividendes) et des loyers ;
Les trois actifs peuvent générer une plus-value – ou, à l'inverse, une moins-value.
II/ Qui gagne le match de la rentabilité sur 2 siècles ?
Nous avons utilisé un article d'un chercheur français, dont les références de l'article apparaissent en bas de page, pour étudier le sujet du point de vue d'un investisseur français. Monsieur Friggit étudie l'évolution des prix des différents actifs sur la période 1800 – 2005. Il en tire les conclusions suivantes :
Place numéro 4 : L'or est simplement une réserve de valeur : l'or conserve sa valeur pendant la période et protège donc de l'inflation. Son prix peut fortement varier, par exemple en cas de guerre : (regardez l'évolution de la courbe bleue pendant la seconde guerre mondiale) ou de crise économique (fin de l'étalon-or dans les années 1970) ;
Place numéro 3 : Les obligations arrivent ensuite avec un rendement inflation déduite de 3 % à 4 % ;
Place numéro 2 : Pour l'immobilier, l'article est moins affirmatif car il ne fait référence qu'à un investissement immobilier résidentiel à Paris et indique clairement que le moment de l'achat du bien est déterminant pour savoir quel est le taux final de rendement. Il faudra alors approfondir l'analyse, même s'il ressort des différentes lectures que les actions soient l'actif le plus rentable à long terme ;
Place numéro 1 : Les actions américaines offrent un rendement de l'ordre de 6,6 % avant inflation – soit environ 10 % par an en réintégrant l'inflation.
D'autres auteurs ont obtenu des résultats semblables sur des périodes plus courtes – 86 ans tout de même, de 1926 à 2008 – et sont parvenus au même résultat.
Dividends Still Don't Lie: The Truth About Investing in Blue Chip Stocks and Winning in the Stock Market, Editions Wiley, page 17.
Sur des périodes plus courtes de 20 ans, la règle ne s'applique pas toujours, mais domine largement. (62 fois sur 64 possibilités).
Dividends Still Don't Lie: The Truth About Investing in Blue Chip Stocks and Winning in the Stock Market, Editions Wiley, page 18.
Sur des périodes de 10 ans, les actions obtiennent de meilleures performances 64 fois sur 86.
Dividends Still Don't Lie: The Truth About Investing in Blue Chip Stocks and Winning in the Stock Market, Editions Wiley, page 20.
L'IEIF (L'Institut d'Epargne Immobiière et Foncière), dans son excellente étude, obtient les résultats suivants :
Comparaison des taux de rendement internes sur 40 ans, Etude IEIF 2020 ; "40 ans de performances comparées"
III/ Quelles leçons en tirer pour un investisseur...qui vit moins de deux siècles ?
En premier lieu, il est nécessaire de rappeler que les différents actifs ne comportent pas les mêmes risques :
Les obligations sont moins risquées, mais il existe un risque résiduel de défaut de paiement, que ce soit pour les obligations d'Etat (cf. les emprunts russes) ou pour les obligations d'entreprise (certaines obligations sont très risquées) ;
Les actions sont davantage risquées, car les entreprises peuvent faire faillite, cesser de distribuer leur dividende ou, tout simplement, disparaître de leur marché (cf. Kodak) ;
Pour l'immobilier, placement considéré sans risque, les dangers sont toutefois nombreux : dégradation du bien, problèmes de paiement avec les locataires, sinistres importants, etc. Mais le bâtiment reste, quand bien même sa liquidité est moindre.
Les actions sont l'actif le plus rentable mais le plus volatil (les fluctuations du prix sont les plus fortes). L'enjeu psychologique est donc très fort, car peu de personnes sont capables de résister quand un krach intervient. Or, c'est quand les cours des actions sont bas qu'il faut tenir et investir. En fait, la bourse est le seul magasin dans lequel les clients ne viennent plus acheter quand la période des soldes est ouverte !
IV/ Que retenir de ce match ?
1/ Les marchés financiers offrent une palette d'outils plus ou moins rentables et risqués ; 2/ Les investissements d'une personne ou d'une institution se répartissent selon ses objectifs et sa sensibilité au risque ; 3/ Chaque actif a sa fonction : l'or, la préservation de valeur ; les obligations la génération d'un revenu au risque limité ; l'immobilier un rendement intéressant mais une liquidité limitée et les actions un rendement élevé en contrepartie d'une volatilité plus élevée : 4/ En mixant ces différentes classes d'actifs, vous pouvez obtenir le meilleur mix entre rendement et sécurité selon votre profil.
Bibliographie
Friggit, Jacques, « Long Term (1800-2005) Investment in Gold, Bonds, Stocks and Housing in France – with Insights into the USA and the UK: a Few Regularities », CGEDD, 2007
IEIF, « Comparaison des taux de rendement internes sur 40 ans, Etude IEIF 2020 ; 40 ans de performances comparées », 2021
Wright, Kelly, Dividends Still Don't Lie: The Truth About Investing in Blue Chip Stocks and Winning in the Stock Market, Editions Wile, 2010
Pensez aussi à lire le résumé de l'ouvrage de Siegel sur l'investissement en actions à long terme!!!!!